Read in EnglishJ’ai passé une partie de la pandémie du Covid-19 dans un petit village sur la côte en Equateur. Il n’y avait pas grand monde ici. On croisait quelques habitants et pêcheurs, guère plus. On aurait dit ici qu’il n’y avait pas vraiment de pandémie. C’était la saison des naissances chez les tortues. Je parcourrais les nids le matin en espérant assister au miracle. J’ai eu la chance d’y goûter plusieurs fois et de les filmer comme je pouvais, à main levée, allongé dans le sable.
C’était un ballet d’une lenteur et d’une maladresse poétiques, un danger de chaque instant pour espérer atteindre la mer, échapper aux pinces des crabes, aux becs des oiseaux et aux trous profonds creusés par les pas de hommes. J’ai vécu des semaines entières à les attendre, à les guetter, à les regarder rouler, essayer de se retourner et atteindre l’océan pacifique. J’ai été ému par leur fragilité et leur force.